Un psychologue pour enfant est un psychothérapeute spécialisé dans l'écoute et le soin adressé à l'enfant, mais il s’intéresse également au lien entre l’enfant et son environnement, et en particulier ses parents -- un célèbre pédiatre, D.W. Winnicott, le résume par cette formule : « un enfant seul cela n’existe pas ».
Chaque parent le sait bien : cette sensibilité particulière de l'enfant à son environnement, notamment affectif, émotionnel, constitue un des marqueurs-clef de l'accompagnement de l'enfant. Il constitue le socle - la basse fondamentale - de sa construction.
De façon générale, le but d’une psychothérapie d’enfant est de lui permettre de continuer à grandir que ce soit émotionnellement, intellectuellement ou psychiquement, en le dégageant des éléments ou conflits, notamment émotionnels, qui ont pu entraver son développement.
En effet le symptôme de l'enfant peut parfois s’enraciner dans des conflits affectifs plus anciens, pour lesquels l’implication et le témoignage des parents s'avére souvent décisive : par la connaissance que l’adulte a de son enfant et du contexte familial dans lequel il s’inscrit, il livre au clinicien une perspective précieuse pour entendre ce qui fait symptôme pour l'enfant dans son épaisseur historique et affective.
A côté de manifestations plus invalidantes (troubles de l'attention (Tdah, Tdh), précocité, hyperactivité, dyslexie, impulsivité marquée), parmi les motifs fréquents de consultation figure notamment les difficultés relationnelles (crises d'oppositon, intolérance à la frustration, angoisses de séparation, difficultés d'intégration), mais aussi le champ des somatisations (énurésie, douleurs à répétition sans étiologie organique constatée) : il faut savoir en effet qu'un conflit émotionnel plus enfoui peut parfois se traduire par un symptôme (un mal-être) à même le corps : les enfants « parlent » leur angoisse ou leurs conflits internes en premier lieu avec leur corps.
La parole et l'écoute du clinicien, au plus près du vécu subjectif de l'enfant, prend alors toute son efficace. En délivrant la parole -- ou l'affect -- du conflit en jeu, elle libère l'enfant de cette captation silencieuse "insue" ou refoulée.
On évoque en effet l'idée que l'enfant serait une véritable "éponge" pour rappeler leur grande sensibilité, mais aussi leur singulière vulnérabilité aux différents aléas émotionnels de son environnement. Ce point est en effet tout à fait essentiel, il conditionne de facto une part importante de l'engagement clinique au chevet de l'enfant.
A tel point que cette interdépendance, cette intrication la plus essentielle - la plus intime - du sujet avec ses proches, va parfois résonner jusque dans son épaisseur historique : ce qu'on appelle le "transgénérationnel" témoigne en effet de la façon dont une certaine mémoire inconsciente collective - familiale - peut parfois continuer à imprimer sa marque en profondeur sur le vécu subjectif de chacun, et tout particulièrement l'enfant.
A ce titre un suivi avant sept ans constitue souvent la meilleure prévention contre bien des troubles invalidants à l’âge adulte ou à l'adolescence ; sans oublier que cet âge présente également la meilleure disposition au traitement. C'est parfois en dégageant l'enfant d'un certain matériel traumatique enfoui dans l'inconscient familial, parfois très ancien, qu'un effet de décollement pourra opérer à l'endroit du symptôme.
Il est effectivement sensible que l'enfant est à même de se faire la caisse de résonnance des différentes épreuves que ceux qui l'ont précédé dans la chaîne des générations (ses parents, ses grands-parents..) ont dû traverser. C'est parfois fort de cet héritage que le symptôme de l'enfant peut alors s'entendre au plus près de sa vérité 'inconsciente' : un mal entendu qui parfois perdure, insiste et se répète jusqu'à trouver sa résolution - son dé-nouement - dans une parole à même de re-lier cet affect. De donner corps à cette surcharge impossible à dire. Restée lettre morte. Sans adresse : en souffrance.