C'est l'une des questions amenées à se dévoiler dans le cadre d’une cure : comment rendre compte de cette fixation du désir sur l’être aimé/perdu, comme si l’être tout entier du sujet s’y trouvait livré, corps et âme. Quelles sont les résonnances profondes de ce vertige - mélancolique -; de quelle mémoire insue se retrouve-t-elle le lieu, la trace intime ? De quelle brûlure (secrète) est-elle le nom – et la négation – ? L’Absence vous a pris en otage : vous voilà expulsé de votre être. Dépossédé.
Quel est donc le rapport à l’intime qu’elle vient si douloureusement questionner – convoquer – en nous. A vif, à vide. Comme si l’être aimé vous avait entraîné tout entier avec lui dans sa chute. Sa disparition est la vôtre – impossible coupure.
Une béance s’est ouverte – impossible à lire. C’est qu’elle nous convoque à d’autres champs, connexes, à d’autres charges – étranges et familières –, dont il s’agira précisément de rassembler les traits, de restituer la trace. L’empreinte. Donner contour et forme à ce qui n’a pas de nom.
Mais logé au plus intime de soi.
Le récit commence par un abandon, comme dans les contes de fées : celui que cette femme aime, le prince élu de son sang, le roi de cœur, la quitte. Il la mène dans la plus noire forêt de l’abandon, puis il s’en va. Elle reste là, assise au pied d’un arbre. Elle attend. Elle attend, elle attend.
Un matin elle se lève, sort de la forêt, entre dans sa cuisine, ferme la fenêtre, ouvre le gaz. Une jeune femme qui tombe sur le carrelage et son âme qui tombe à ses côtés, son âme lourde, plus lourde qu’un oiseau mort, la blanche colombe gazée, étouffée sous le poids de son propre sang.
La jeune femme se réveille à l’hôpital. Elle s’appuie sur ses oreillers, regarde autour d’elle, regarde en elle : plus d’âme. Le corps est bien là, en état de marche. Les mains peuvent prendre, les lèvres peuvent dire, les yeux peuvent pleurer. Tout est là, sauf l’âme. Son ami a dû l’emporter dans ses bagages sans y prendre garde. Comment peut-on être si distrait.
Elle quitte l’hôpital, revient à la vie courante. Et toujours pas d’âme. Cela ne se voit pas, cela ne s’entend pas, cela n’empêche rien. On peut fort bien vivre sans âme, il n’y a pas de quoi en faire une histoire, cela arrive très souvent. Le seul problème, c’est que les choses ne viennent plus vers vous, quand vous les appelez par leur nom. Vous pouvez être absente de votre vie et tromper tout le monde sur cette absence – tout le monde sauf les bêtes, sauf les arbres, sauf les choses. Tout le monde sauf la blonde lumière d’automne, cette lumière qui pèse de toute sa douceur sur l’écorce des bouleaux et la chair des rosiers. Comment rejoindre ce qui se dérobe. Comment toucher à la vie immédiate, commet retourner à la vie simple. Oui, comment.
Une petite robe de fête, Christian Bobin
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